Islam Index

Tareq Oubrou

10 janvier 2022

Marocain arrivé en France à 19 ans pour poursuivre des études en biologie et médecine, il a délaissé une carrière scientifique pour devenir imâm et dirige successivement les prières à Pau, Limoges et Nantes, avant de revenir à Bordeaux au début des années 90 et d’être naturalisé français en 1991. Pilier intellectuel de l’UOIF (Frères musulmans) depuis sa fondation, il est un des défenseurs de la « charia de minorité », concept recommandant de tactiquement faire des concessions tant que les musulmans ne sont pas majoritaires.
Il a présidé l’association des imams de France et a fondé l’IESH (l’institut de formation des Frères musulmans en France) et l’AMG (l’Association des musulmans de Gironde).
Présenté par les médias comme « modéré » malgré son parcours et ses positions, il est appuyé dans sa tentative de notabilisation par le maire de Bordeaux Alain Juppé, dans le but d’en faire le principal interlocuteur de l’Etat avec l’islam tout en obtenant en retour un appui électoral.
Il est le beau-frère du prédicateur islamiste Hassan Iquioussen.

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Tareq Oubrou défend le califat et explique qu’Ataturk est un « juif d’origine qui s’est déguisé en musulman » (1999)

[…] le Califat est une obligation, et la réunion des musulmans autour de ce Calife est une obligation, et tant que les Musulmans ne sont pas réunis autour du Califat, ils sont des pécheurs, sauf ceux qui œuvrent pour instaurer ce Califat ! […]

Comme le veut le Coran, c’est un état, c’est un pays, dans le sens géographique, c’est à dire qu’il regroupe toute la communauté dans une géographie, il n’y a pas de frontières par conséquence. La frontière entre deux pays musulmans est une hérésie méprisable par l’Islam. Les Frères Musulmans ne reconnaissent pas les frontières entre les peuples musulmans. Ils reconnaissent une communauté qui doit être réunie autour d’un Califat qui a ses représentants dans ces différents pays (Wilaya). C’est un gouvernement car la politique est un élément, une partie de l’Islam. ( … ) Il dirige la vie par la religion. C’est une manière de vivre, c’est une conception des choses, c’est un mode vie selon la volonté d’Allah …

[…] Tout homme qui réfute un verset formel ou interprète un verset du Coran abusivement est considéré comme en dehors du cercle de l’Islam.“

C’est parce que Allah nous a demandé de construire des individus musulmans, des familles musulmanes, des sociétés musulmanes, des états islamiques, un califat islamique qui réunit tous les états islamiques ! C’est parce Allah nous a demandé de faire ça qu’on le fait !

» Le Califat est déclaré aboli par Ataturk (…) qui est un juif d’origine et qui s’est déguisé en musulman … »

Tareq Oubrou : «la dominance masculine est un fait» (2002)

Pour lui, «la dominance masculine est un fait», «un invariant transculturel», qui s’explique par une «différence irréductible, le fameux chromosome Y». Quant à la femme, comme «elle s’intéresse à son corps plus que l’homme, c’est une réalité évidente», Dieu lui a prescrit le port du «khimâr» (cachant les cheveux et le cou)» et du «jilbâb» (qui cache le reste du corps).
« Lieu d’attaches (2/7). Le goût du sacré. » Par COROLLER Catherine dans Libération.

Tareq Oubrou se lance dans des tentatives hasardeuses de justification de l’inégalité par des considérations biologiques (poids du cerveau, capacité de concentration…).
« A quand un Kant musulman ? » Libération (2002)

Tareq Oubrou se revendique de prédicateurs radicaux (2002)

Je n’hésite pas à m’inspirer de tous les courants islamiques anciens ou modernes : salafisme, soufisme, mutazilisme, Frères Musulmans. Dans chaque courant il y a du positif et du négatif. Hassan al-Banna, à ce titre, reste pour moi l’un des personnages qui m’ont le plus marqué avec Shafi’î, Ghazali, Ibn Arabi, Ibn Taymiyya et d’autres »
Loi d’Allah, loi des hommes (Albin Michel, 2002)

Dans le livre « Ces maires qui courtisent l’islamisme », Joachim Véliocas précise :

Tous ces grands savants de l’islam préconisent châtiments corporels et djihad offensif contre les non musulmans. Il serait fastidieux de citer tous leurs écrits, accessibles en français à la bibliothèque de l’Institut du Monde Arabe d’où proviennent nos citations, mais il convient de se justifier avec quelques pièces à conviction : Dans sa Risâla, l’imam Shâfi’î (767-820), fondateur de l’école sunnite shaféite, préconise cent coup de fouets aux « fornicateurs et fornicatrices célibataires » réclame « la lapidation à l’encontre des personnes mariées » pratiquant l’adultère. Quant aux femmes esclaves, « si l’une de vos esclaves fornique et que cette fornication est prouvée, que son maître la flagelle ». Pour ce qui est du djihad, que Shâfi’î nomme « l’obligation communautaire », il tient à rappeler que le combat total contre l’Infidèle ne s’arrêtera que lorsque l’humanité entière sera musulmane, avec une tradition authentique en renfort Shâfi’î reprit : ‘Abd al-‘Azîz nous a informés, d’après Muhammad b. ‘Amr, d’après Abû Salama, d’après Abû Huraya, que l’Envoyé de Dieu a dit : « Je ne cesserai de combattre les hommes jusqu’à ce qu’ils professent « Il n’y a de dieu que Dieu » (lâ ilâha illa-l-Allah). S’ils le font, ils rendent inviolables, à mes yeux, leurs personnes et leurs biens, sous réserve de leur [soumission à] la Loi [musulmane]. »
Autre référence du futur imam de la Grande Mosquée de Bordeaux, Ibn Taymiyya (1263-1328) très lu dans l’école hanbalite du sunnisme, d’où procède le Wahhabisme, est une référence chez les islamistes jusqu’à Ben Laden. Voici ce que pensait Ibn Taymiyya des Koufar (infidèles non-musulmans) : « Si avec les Koufar il y a des gens pieux, les meilleurs de l’humanité, et qu’il n’est possible de combattre les Koufar qu’en tuant les pieux, alors ils doivent être tués aussi. »

Autre personnalité citée avec escient par Oubrou, Ibn Qayyim al-Jawziyya (1292-1350), qu’il évoque comme « grand canoniste » à la page 102, toujours pour illustrer une platitude musulmane comme quoi la « sharia est totalement avantage, totalement justice, totalement sagesse ». Ce que le lecteur non averti ne percute pas, c’est qu’al-Jawziyya a connu sa renommée parmi les oulémas pour sa classification par catégorie des motivations légales déclenchant le djihad ! Ainsi un écrit célèbre du « grand canoniste » d’Oubrou explique que « le djihâd est de quatre sortes : « le djihâd contre ses propres passions (jihad an- nafs), le djihâd contre Satan (jihad ash-Shaytan), le jihâd contre les mécréants (jihad al-kuffar) et les hypocrites (al-Munafiqeen) et le djihâd contre les gens de l’injustice et de l’innovation (Jihad ahlu) ». Le passage extrait de son livre Les Types du djihâd, est familier aux oreilles des croyants. Al-Jawziyya précisait bien que, si le combat contre les hypocrites devait se faire le plus souvent « avec la parole », en revanche, celui contre les mécréants s’appliquait « avec les mains »…
« Ces maires qui courtisent l’islamisme », Joachim Veliocas

Tareq Oubrou accusé de faire l’éloge de Ben Laden et d’avoir fêté le 11 septembre 2001 par un ancien disciple

Pendant des années on a soutenu Al Qaida, Tareq Oubrou expliquait que Ben Laden était un philantrope (…) il l’a désigné comme le « Saladin » des temps modernes pour les musulmans (…) Tariq Oubrou, il aimait trop Ben Laden (…) quand il y a eu le 11 septembre, Tareq Oubrou rentre et on se prend tous dans les bras, on a presque failli pleurer de joie (…) Allah Akbar (…) tellement l’étreinte était puissante j’ai failli étouffer (…)

Des cadres du F.I.S venaient dans la mosquée Al Houda, ils venaient faire des prêches, sur le minbar ils montaient (…) Des collectes, on était pro Talibans à mort (…) Quand cheikh Yassine a été assassiné (2004) on s’est tous mis à pleurer, Tareq Oubrou en larmes, étant donné qu’il était le maître à penser du Hamas. On a toujours fait des collectes pour le Hamas. On recevait des cadres du Hamas dans notre mosquée, on a toujours eu un contact permanent au travers l’UOIF et à travers le CBSP avec le Hamas. Je me rappelle d’une scène que je n’oublierai jamais, quand un kamikaze s’est fait sauté dans un bus scolaire, et il y a eu les petits enfants israéliens déchiquetés, nous on était réjouis, on était contents »
Omar Djellil, ancien collaborateur de Tareq Oubrou pendant 10 ans.

Tareq Oubrou au Congrès de l’UOIF au coté de Hani Ramadan (2007)

Les 24ème Rencontre de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) ont délivré samedi un double message, appelant les musulmans à s’ouvrir à la vie de la cité, notamment à travers le vote à la présidentielle, et la société à respecter leur expression religieuse.
L’orateur vedette, samedi après-midi, était Hani Ramadan, frère de l’intellectuel Tariq Ramadan et petit-fils de Hassan El Banna, fondateur des Frères musulmans égyptiens.
Tous les orateurs n’ont pas parlé du vote proprement dit mais ils ont encouragé la participation des musulmans à la vie sociale, au dialogue avec les non musulmans.
C’est le « devoir des musulmans » d’encourager la réussite scolaire, la réussite économique, qui donnent plus de chances d’intégration, a déclaré l’imam de Bordeaux, Tareq Oubrou. Pour lui, « l’islam se construit avec la société dans laquelle on vit ».
Le Figaro

On retrouve Tareq Oubrou au 27ème et 29ème Congrès de l’UOIF :

« Ce n’est pas une manifestation religieuse. Mais l’occasion de se rencontrer entre musulmans. » Tareq Oubrou, imam de la mosquée de Bordeaux, est présent au Bourget (Seine-Saint-Denis) pour la 27e rencontre des musulmans de France organisée par l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), qui avait accueilli l’an dernier près de 150 000 personnes. L’imam bordelais tiendra une conférence aujourd’hui (à 11 h 45) sur le thème des pratiques intérieures ou l’impact de la foi. »
Sud Ouest, 5 avril 2010

« Il ne faut pas généraliser une exception ; tous les musulmans de France ne sont pas des Merah », s’est exclamé Tareq Oubrou. L’imam de Bordeaux, réputé pour son ouverture, devait participer hier à une table ronde (…)
La Croix

Tareq Oubrou organise une conférence avec Tariq Ramadan (2008)

Tariq Ramadan en conférence avec Tareq Oubrou

Tariq Ramadan en conférence avec Tareq Oubrou le 11 octobre 2008

On saisit également mieux pourquoi Oubrou donna une conférence avec son petit fils, Tariq Ramadan, le 11 octobre 2008 à Bordeaux lac, organisée par l’Association des musulmans de Gironde, donc sur sa propre invitation.
« Ces maires qui courtisent l’islamisme », Joachim Veliocas

Tareq Oubrou en conférence avec Alain Soral (2009)

Votre participation ce soir (1) à une rencontre avec Alain Soral, autour du thème « Musulmans et compatriotes » semble poser des problèmes à certains. Pourquoi ?
Le débat va certainement mobiliser un large public. La section bordelaise d’Égalité et réconciliation, que préside Alain Soral , m’a invité à participer à une rencontre publique. J’y ai répondu favorablement comme je le fais habituellement à tous ceux qui me demandent d’intervenir sur des questions touchant à l’Islam et aux musulmans.
Sud Ouest – 19 avril 2009

Tareq Oubrou en conférence chez l’IIIT, organisation soupçonnée de financement du djihad international (2009)

Le «chef de projet» de la Grande Mosquée de Bordeaux est également proche de l’Institut international de la pensée islamique (IIIT), organisation au siège de laquelle il donne régulièrement des conférences, comme les 27 janvier 2007 et 11 janvier 2009. Cet Institut, dont l’antenne française se trouve à Saint-Ouen, est subtilement islamiste, également lié avec les Frères Musulmans. L’institut est né en 1981 dans l’état de Pensylvannie, sous l’impulsion de hauts responsables des Frères Musulmans. Son fondateur Abdul Hamid Abu Sulayman, est un saoudien ayant obtenu 3 380 000 dollars de son royaume pour lancer cette institution ayant pour objectif affiché « l’islamisation des savoirs », faisant office de réservoir d’idées et de centre de formation pour intellectuels islamistes, afin de leurs inculquer les méthodes de camouflage en Occident.

L’IIIT a fait l’objet d’enquêtes approfondies, aussi bien par le FBI que par des spécialistes de l’islamisme, le mettant en cause dans le financement du djihad international. Le journaliste Sylvain Besson dresse dans son livre La Conquête de l’Occident un portrait accablant de l’institut ami de Tareq Oubrou : « L’accusation de soutien au terrorisme se fonde sur les relations de l’IIIT avec deux institutions islamistes un peu particulières. En 1997, un directeur de l’IIIT a versé 325 000 dollars à la Fondation de la Terre sainte. Or, des enregistrements effectués secrètement par le FBI indiquent que celle-ci a servi de couverture financière au groupe palestinien Hamas (…)

L’IIIT a également entretenu des rapports suivis avec un institut basé en Floride, l’Entreprise mondiale d’études islamiques, ou WISE selon son acronyme anglais. Dès 1990, l’IIIT lui a versé des dizaines de milliers de dollars, et son soutien financier s’est poursuivi jusqu’en 2001. Des documents saisis en 1995 au domicile d’un dirigeant du WISE, Sami al-Arian, suggèrent que cette organisation était un appendice du groupe armé palestinien Jihad islamique. Ce fait était d’ailleurs expressément souligné lors des réunions de récolte de fonds organisées par al-Arian. En février 2003, celui- ci a été inculpé par la justice américaine de soutien au terrorisme. (…) L’analyste israélien Reuven Paz a participé à l’enquête américaine visant Sami al-Arian et WISE. Il a eu accès à l’un des documents découverts au domicile du militant palestinien. Cette « Charte du centre pour les études, le renseignement et l’information » vise à espionner les Etats-Unis de l’intérieur et à apprendre aux militants du Jîhad comment se fondre dans une société non-musulmane en supprimant tout signe extérieur d’islamisme, à commencer par la barbe. (…) et conclut « ce dont nous avons besoin, c’est de démanteler le système culturel de l’Ouest ». Dans des conférences organisées aux Etats-Unis, al- Arian martelait le même refrain en termes différents : « Le Jihad est notre chemin. Victoire à l’islam. Mort à Israël. Révolution jusqu’à la victoire […] maudissons l’Amérique, maudissons Israël, maudissons leurs alliés jusqu’à la mort.» Le directeur même de l’IIIT à l’époque, et membre fondateur, Taha Jaber al-Alwani, soutenait al-Arian moralement et financièrement ! Voici donc quelques passages d’un livre de référence, édité et diffusé largement par l’IIIT, disponible dans les grandes librairies françaises, cités en italiques : – La démocratie est expressément condamnée, la source de la loi ne peut être que Dieu : « Contrairement aux théories politiques du libéralisme, la théorie de la umma est de celles où le gouvernement gouverne le plus, où la souveraineté appartient à Dieu et à Sa loi, non à la volonté arbitraire de la majorité. » (…)
« Ces maires qui courtisent l’islamisme », Joachim Veliocas

Tareq Oubrou justifie le jihad dans l’Histoire (2012)

« Si le Coran a appelé à la guerre, c’est pour imposer la paix. »
France-Culture (2012)

« Les Arabes n’avaient d’autres choix que d’attaquer pour survivre. »
Livre « Un imam en colère », Bayard (2012)

Tareq Oubrou fondateur de l’IESH avec Ahmed Jaballah

D’autant que son vieux camarade Ahmed Jaballah avec qui il a fondé l’Institut européen des sciences humaines (IESH), en est membre. Ahmed Jaballah a donc enseigné avec Oubrou à l’école d’imâms de l’UOIF, au nom si pompeux, où le furieux Qaradawi est passé plusieurs fois pour prêcher la bonne parole… Dans un texte à destination des élèves de l’institut, « Nos religions et leurs interdits, le cas de la religion musulmane » Jaballah énonce une série d’agissements méritant des « sanctions judiciaires ». Parmi les différentes actions répréhensibles, on peut lire « L’apostasie est totalement prohibée. ». Soit punie de mort pour un ouléma compétent.
En 2005, le même homme expliquait « L’UOIF est une fusée à deux étages. Le premier étage est démocratique, le second mettra en orbite une société islamique.» Voilà donc l’orientation de l’Institut co-généré par l’imâm de confiance d’Alain Juppé.
« Ces maires qui courtisent l’islamisme », Joachim Veliocas

Tareq Oubrou toujours membre des Frères musulmans (2013) et fait l’éloge de l’UOIF (2015)

Je continue d’être membre de ce mouvement parce qu’il m’a donné beaucoup (…)
Extrait du livre « Le prêtre et l’imam », avec Christophe Roucou.

(…) La phrase qu’il a lui-même prononcée, le 21 janvier 2015, dans le Canard Enchainé : « L’UOIF reste la structure la mieux adaptée à l’émergence d’un islam de France »
Extrait du livre « Taqiyya ! Comment les frères musulmans veulent infiltrer la France », Mohammed Sifaoui

Tareq Oubrou et la « chariah des minorités »

Le nouveau positionnement républicain et laïque d’Oubrou est aujourd’hui basé sur ces échafaudages conceptuels qu’il affectionne : « contraction de la charia » ; « déconstruction de la charia » ; « charia de minorité »; autant de pirouettes sémantiques permettant de plaider la solubilité de la charia dans le système républicain français, thème qu’il développe longuement dans son dernier livre, Profession imâm (Albin Michel, octobre 2009), se plaçant comme un original parmi les imâms en France. En réalité, il ne souhaite qu’appliquer les dérogations (al-rukhas al-sharrya) prévues par les très pragmatiques juristes musulmans, dans les situations où les musulmans sont minoritaires, citant cet artifice juridique à la page 40. Comme l’explique le professeur de droit musulman Sami Aldeeb Abu-Sahlieh : « Les savants religieux musulmans ont développé deux branches du droit appelées fiqh almuwazanat (science de la pesée) et fiqh al-awlawiyyat (science des priorités). Ces branches acquièrent de plus en plus d’importance aussi bien dans les pays musulmans que dans les pays non-musulmans avec les revendications croissantes des musulmans à appliquer les lois religieuses dans tous les aspects de la vie. Comme ils ne peuvent pas tout avoir en même temps, il faudrait déterminer la norme sur laquelle on doit insister, et celle à réserver pour une bataille ultérieure. » L’artifice a déjà été développé depuis longtemps par le président du Conseil européen de la fatwa , al-Qaradawi sous le nom de « fiqh [jurisprudence] de minorité » Sur le forum internet Sabyl- al-islam, un long fil de discussion commente cette disposition juridique : « Il faut arriver à trouver un compromis entre les deux entités juridiques (note de l’auteur : lois civiles françaises et lois islamiques) tout en gardant en mémoire que l’éthique religieuse interdit toute remise en question du principe divin. Il faut apprendre à le servir sans tromper son contexte et accepter de faire un grand écart difficile mais envisageable grâce au travail de pression politique que les musulmans doivent entretenir auprès des instances gouvernementales pour le respect de leurs droits. »
« Ces maires qui courtisent l’islamisme », Joachim Veliocas

A un niveau plus institutionnel, la méthode du Conseil européen pour la fatwa et la recherche se réclame aussi du fiqh de minorité. Cet organisme est lié à l’Union des organisations islamiques en Europe (UOIE), qui est la maison mère de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Composé d’une trentaine d’oulémas – dont seulement cinq habitent en France – et présidé par le Qatari Youssouf Al-Qardawi, le Conseil est chargé de rendre des avis juridiques sur les questions soulevées par la présence des musulmans en Europe.
Le Monde « L’islam de France entre gauche et conservatisme. »

Au sein de ce conseil, les théologiens se permettent même de tenir des propos qu’ils n’oseraient jamais prononcer dans leurs pays d’origine. Aucune instance islamique dans le monde – ni Al-Azhar (Egypte), ni Fès (Maroc), ni Qom (Iran) – n’a émis une fatwa pour soutenir les attentats kamikazes. Le Conseil européen de la fatwa, lui, l’a fait (le 28 juillet 2003, à Stockholm), en disant qu’il ne fallait plus appeler ces actions des «attentats suicides» mais des «gestes de martyrs», parce que les «fils de Sion» – s’agit-il des Israéliens ou de tous les juifs? – sont «des soldats». Pour le Conseil européen de la fatwa, aucun fils de Sion ne peut être considéré comme un civil! Là, nous ne sommes plus dans le soutien, mais dans l’incitation au terrorisme!
Fiammeta Venner

Tareq Oubrou décoré de la Légion d’honneur par Alain Juppé (2014)

Voir la page consacrée à Alain Juppé

L’imam de Bordeaux n’a pas hésité, d’ailleurs, à appeler à voter en faveur d’Alain Juppé.
« L’islam de France entre gauche et conservatisme » Le Monde (2003)

Abd al Malik. J’ai des amis ici, notamment l’imam Tareq Oubrou, que je connais depuis plusieurs années. Son travail a été précieux dans mon cheminement spirituel. Il réfléchit sur la nuance, sur les adaptations du Coran. Il n’est pas dans une vision binaire de l’islam, du bien et du mal, du licite et de l’illicite.
« Le Sage du Rap », Sud Ouest

Tareq Oubrou et sa vraie-fausse rupture avec les Frères musulmans de l’UOIF (2018)

Sur les plateaux de télévision, Tareq Oubrou reconnait un « lointain passé » islamiste contredisant sa volonté d’apparaitre modéré, quand il y est contraint.
Mais auprès de la communauté, il continue de jouer sur une ambiguïté synonyme de Takya.
Ainsi encore en mai 2018, auprès de du média islamique Saphir News :

Quelles sont les raisons qui vous ont incité aujourd’hui à rompre avec la structure ? Pouvez-vous préciser le contexte ?
Tareq Oubrou : D’abord, il ne s’agit pas d’une rupture. C’est un mot que je n’aime pas. Je suis une personne qui aime la relation et la réconciliation et non les ruptures, surtout avec une institution qui a fait une partie de ce que je suis actuellement. Et ce n’est pas parce que vous quittez la maison où vous avez grandi pour faire votre vie d’adulte que, forcément, vous rompez avec votre famille.
L’une des raisons principales de cette décision, c’est que je ne voudrais pas être perçue comme un théologien intellectuel organique, mes idées ne pouvant être contenues dans un système, encore moins dans une structure associative. Et c’est peut-être dans l’intérêt même de Musulmans de France (UOIF).
Saphir News

Tareq Oubrou accusé de Taqiyya (mensonge) par l’ex Frère-musulman Mohamed Louizi

Au-delà de ces indices factuels concordants, ceux qui encensent Tareq Oubrou et en font un «imam républicain» voire un «grand imam de France», feraient mieux de lire ce qu’il a écrit en 2019. J’ai lu, analysé et décrypté ici les 360 pages de son «Appel à la réconciliation» (Plan-2019). J’invite à sa lecture en commençant par la page 189 correspondant au chapitre 7, qui devrait plutôt faire office d’introduction, ou d’avertissement préliminaire. Cet essai est la synthèse en français de l’héritage salafiste des hadiths d’al-Bukhâri, des avis juridiques moyenâgeux d’al-Shafi’î, des fatwas takfiristes d’Ibn Taymiyya et des extravagances d’al-Ghazâlî, actualisés, reformulés et augmentés des projections politiques califalistes d’Hassan al-Banna et de ses successeurs Youssef al-Qaradawi et le Libanais Fayçal Mawlawi, co-fondateur de l’UOIF en 1983.

Tareq Oubrou y explique que le mensonge peut devenir «moral» voire «obligatoire» s’il «permet la réconciliation». Il y prêche le recours à la ruse et prend l’exemple de Mahomet à ce sujet. «La ruse dont [le Prophète] parlait n’est donc ni fausseté ni trahison, mais simple économie morale pour résoudre un conflit. Un moyen d’obtenir une victoire par la diplomatie et à moindre coût humain et matériel.» Il rajoute cette phrase qui doit mettre la puce à l’oreille de ceux qui sans le lire le promeuvent sans vergogne : «Une ruse qui permet d’éviter l’effusion de sang ou de fléchir l’ennemi sans combat.» A la différence de Daesh et d’Al-Qaïda qui cherchent à fléchir la France et l’Occident par les attentats, les armes et l’effusion de sang, Tareq Oubrou, lui, prône auprès de ses disciples, dans son essai paru en 2019, de ruser prudemment et d’user du mensonge et de la Taqiyya. Il donne le conseil de se comporter tel «l’animal [qui] quand il pénètre un milieu qu’il ne connait pas très bien encore, minimise ses mouvements et réduit prudemment sa visibilité afin de ne pas perturber l’équilibre écologique de son nouvel environnement, perturbation dont il serait le premier à subir les conséquences.» Les proies seront ainsi tranquillisées, hypnotisées.

Preuve s’il en faut une que l’on peut être menacé par une organisation islamiste terroriste et, en même temps, user de ses références théologiques et s’appuyer sur ses fatwas canoniques. C’est exactement le cas de Tareq Oubrou. Sur les plateaux de télévision et sur les ondes radiophoniques, il utilise des expressions sous un habillage moderne, pour se donner l’image d’un imam de son temps, d’un «grand imam» dit-on, progressiste et libéral. A ce titre, il dit prêcher une «visibilité proximale» au nom de son «paradigme d’acculturation » qui plaide pour la «contraction de la sharia», pour la «sharia des minorités» et pour «des pratiques [religieuses] réduites» et minimalistes.

A entendre ces mots sortir de sa bouche avec assurance, le sourire aux coins des lèvres, les journalistes qui l’invitent mais sans le lire, sont ravis et restent baba. Toutefois, dans son essai il dévoile la source théologique de ce paradigme, de cet ancien-nouveau concept. Sa source est Ibn Taymiyya : la référence médiévale mondiale numéro un du jihad global et, en particulier, de l’Etat Islamique. En effet, Tareq Oubrou enjoint aux Français musulmans de «s’adapter aux non-musulmans majoritaires, comme le défend, dit-il, Ibn Taymiyya» avant de rajouter que ce dernier «considère que, dans certaines conditions les musulmans doivent avoir la même visibilité que le reste de la nation non-musulmane. Il parle même d’une obligation de ressemblance avec les non-musulmans au niveau des signes extérieurs, et ce, pour l’intérêt même des musulmans.»

Pour démontrer à ses ouailles l’enracinement salafiste historique et conceptuel de ce paradigme et les rassurer quant à sa validité religieuse, il fait référence à un livre d’Ibn Taymiyya mais sans traduire le titre de l’arabe. En note de bas de page, à la page 306 plus exactement, il ne cite que la moitié du titre en arabe : Taqiyya oblige. Le titre complet est «Iqtid’â as-sirât al-mustaqîm fi moukhalafat as’hâb al-jahîm» que l’on pourrait traduire par «Emprunter le droit chemin pour se distinguer des gens de l’Enfer». Un livre assurément takfiriste, obscurantiste, antisémite, antichrétiens, misogyne et jihadiste qu’aucun journaliste français n’a lu.

C’est un livre qui, sans détour, prône la rupture entre musulmans et non-musulmans. En langage politique actuel, il prône le séparatisme islamiste sur bases théologiques et doctrinaires. Ibn Taymiyya y explique que l’attitude de «se distinguer et se différencier des mécréants» était devenu «obligatoire après que l’islam eut triomphé et que ses préceptes furent prédominants comme pour le jihad armé, pour la capitation [al-Djizia] que [les mécréants dominés] furent obligés de verser [aux musulmans] en étant humiliés. Au début [à la Mecque], dit-il, lorsque les musulmans étaient fragiles et en état d’infériorité, cette obligation ne leur fut pas imposée. Mais quand la religion fut parachevée et a triomphé [à Médine], cette différenciation est devenue obligatoire.»

Ensuite, Ibn Taymiyya a ramené ce concept à son époque révolue, pour ouvrir la voie à une exception à cette règle générale. «De notre temps – dit-il –, il en est de même si un musulman réside au sein d’une demeure de guerre (Dâr al-Harb) ou au sein d’un territoire de mécréance, autre que Dâr al-Harb. Celui-ci n’est pas concerné par l’obligation de se différencier des non-musulmans dans les apparences et les attitudes visibles. Le faire, pourrait lui causer bien des contraintes et des dommages. Au contraire, il lui est recommandé de ressembler [aux non-musulmans] dans ces attitudes visibles à condition, toutefois, que cela puisse servir un intérêt religieux permettant de les amener à se convertir à l’islam. Cela pourrait l’aider à s’infiltrer pour connaître leurs secrets et les dévoiler ensuite aux musulmans.» Fin de citation.

Tareq Oubrou se sert de cette exception à la règle générale chez Ibn Taymiyya pour vendre, sous un nouvel accoutrement occidental, ce vieux concept islamiste séparatiste et guerrier. Son paradigme est une pure ruse langagière, une stratégie de conquête. Il se l’applique à lui-même en troquant son qamis pour un costume Hugo Boss. Il dit aux femmes voilées que « le voile n’est pas une obligation« . Cela le fait passer pour un « réformiste », pour un « libéral ». Ibn Taymiyya conseille exactement la même chose aux musulmans, quand ces derniers ne sont pas majoritaires sur un territoire. La règle juridique change en fonction de la démographie. La « douce » charia des minorités sera remplacée par la dure charia des majorités. Tareq Oubrou vend ce vieux paradigme salafiste aux médias, aux visiteurs du soir de l’Elysée sans oublier de rassurer, en même temps, la frange la plus radicale des islamistes en France. «Certains musulmans – dit-il – m’accuseront sans doute de théoriser en vue d’une assimilation des musulmans. Je leur dis simplement que là où ils voient un risque de disparition par assimilation réside leur salut spirituel et matériel. Et je suis convaincu, du moins je l’espère, que le temps me donnera raison.»
Mohamed Louizi

Tareq Oubrou toujours administrateur du SIF – Secours Islamique Français (2021)

Le site internet du SIF répertorie Tareq Oubrou comme administrateur. Le SIF a longtemps été la branche française de Islamic Relief, désormais classée comme une organisation terroriste en Israël, y compris ses principales branches, car elle ferait partie du système de financement du Hamas. Le gouvernement fédéral allemand accuse l’IRD d’avoir « des liens personnels importants avec les Frères musulmans ou des organisations apparentées », ce que l’organisation dément. Les Émirats arabes unis ont également classé Islamic Relief Worldwide comme faisant partie des Frères musulmans en 2014. Wikipédia

Pendant des années, le SIF fonctionne comme l’antenne française d’Islamic Relief. C’est à partir de 2006 qu’il s’émancipe peu à peu de l’organisation-mère. La référence à cette filiation disparaît des statuts du SIF en 2014. Car depuis 2012, certaines banques ont tourné le dos à Islamic Relief, et Rachid Lahlou comprend que cette réputation sulfureuse est loin de constituer un atout. Aujourd’hui, les deux organisations affirment ne plus entretenir de liens organiques (…) le SIF aurait fait des dons à la toute aussi controversée mosquée de Créteil. D’autant que malgré ce divorce à l’amiable, le Secours islamique France et Islamic Relief Worldwide continuent de travailler main dans la main, le SIF finançant toujours certains projets d’IRW. Ainsi, en 2019, le SIF a versé 752’000 livres (824’000 euros) à Islamic Relief, après 1,84 million de livres (2 millions d’euros) en 2018.
Tanya Klein sur Mediapart

Tareq Oubrou marié à la soeur de l’islamiste antisémite et négateur du génocide arménien Hassan Iquioussen, Vice-présidente du SIF

Sa femme, la sœur du Frère musulman Hassan Iquioussen, y occupe toujours le poste de deuxième vice-président…
Mohammed Louizi

Voir le portrait IslamIndex d’Hassan Iquioussen.

Autres éléments

– Livre « Frère Tareq, l’impossible vérité » : Télécharger en pdf.
Interview vidéo de Lina Murr Nehmé, auteur de « Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur, ce qu’ils cachent ».
– Une thèse d’islamologie bloquée par Alain Juppé et Tareq Oubrou ? Islamisation.fr